KRIGSKADE

Expéditive, sensée, crue... Sont autant d'adjectifs pour qualifier la démo de Krigskade, jeune groupe parisien très cool comportant une bonne flopée d'activistes de la scène DIY des 10 dernières années, voire plus. Par contre attention à toi, ils sont du genre à te fracasser le crane afin de pouvoir boire du soda dedans lors d'orgie à la miroiterie, âme sensible s'abstenir. Interview avec Chris (chant).

Tu peux me présenter le groupe ? Pour une bonne partie d'entre vous ce n'est pas votre coup d'essai, qu'est-ce qui vous a réuni ? 
Chris : Salut Jérôme ! Alors pour faire simple, Julien (guitare) et Mike (batterie) avaient commencé un projet dans leur coin de d-beat noisy en 2011, mais après le recrutement de Jean-Phi et les premières compos, ça commençait à prendre des formes plus en plus scandinaves. Ca faisait des années qu’on voulait faire un groupe dans la veine K-Town avec Mike, et au final je sais plus trop comment je me suis retrouvé à venir à une répét, ça m’a toute suite accroché musicalement et humainement, et donc c’était parti ! On se connaissait quand même tous plus ou moins avant, juste par le fait de trainer dans les concerts divers et variés des différentes scènes punk-hardcore-diy de Paris depuis des années, et même si on a tous des sensibilités différentes on se retrouve autour de l’essentiel !

Qu'avez vous fait jusqu'ici ?
Ben pour l’instant on a sorti une démo dans la douleur, dont je suis au final super content, surtout au niveau du layout, même si j’ai une allergie aux règles et cutter depuis qu’on a fait les montages de K7 !! J’aurais aimé que ça aille plus vite quand même. Du coup Manu a même sorti un split CDR Live avec Peur Panique à quelques exemplaires pour une date commune à Lille, vu qu’on mettait tellement de temps… Depuis on commence à jouer en dehors de Paris, on va essayer de faire quelques weekends en France dans les prochains mois, mais on est encore un groupe super jeune. On a aussi participé à la compil parisienne qui sort incessamment sous-peu et retrace cette petite scène qui s’est forgée ces dernières années autour d’une certaine idée du DIY et de lieux comme la Miroit’ par exemple.

Je trouve que le groupe est un savant mélange entre crust suédois et 80's hardcore, t'en penses quoi ? Bon je ne me jette pas trop à l'eau là. 
Oui pas trop de prises de risque là haha ! On a clairement de grosses influences côté Suède, en particulier Totalitär ou Heratys, mais aussi les groupes chicanos genre Vaaska ou du Burning Spirits. Ca ce sont les influences explicites, et je pense que les 80s hardcore c’est plus inconscient mais c’est clairement un style dans lequel on a tous baigné, et qu’on apprécie encore grandement. Bons riffs et des breaks sont la base de ces deux styles au final assez proches, donc ça le fait bien je trouve.


Pourquoi ce choix de chanter en danois ? Bon, je sais que c'est aussi ta langue maternelle mais au final est ce que cela te permet justement une extériorisation plus aisée ou alors est ce l'inverse, te « caches » tu derrière un langage que peu vont comprendre ?

Le danois s’est imposé naturellement vu le style. Je me suis dit que c’était une façon d’amener un petit plus, dans le « son », sachant qu’à la base le d-beat n’était pas quelque chose que je connaissais particulièrement, et puis comme ça Mike et moi faisions enfin ce projet de groupe en danois ! Pour moi ça rend l’écriture plus difficile, mais du coup ça donne aussi un certain intérêt. J’ai eu l’occasion d’écrire pas mal en anglais avec Get Lost, là je suis obligé de me mettre dans un tout autre mode de pensée pour l’écriture et c’est vachement plus dur d’arriver à faire de « bons » textes (tout est relatif hein). C’est une langue que je parle mais que je n’utilise que rarement en dehors du contexte de la vie de tous les jours donc c’est un vrai challenge d’arriver à écrire des paroles qui me satisfont dans cette langue. Au début c’était un thème, puis c’est devenu vraiment quelque chose qui pour moi me permet un autre rapport aux chansons, plus personnel que l’anglais. Quand on joue je suis extrêmement frustré que personne ou presque ne comprendra ou ne pourra chanter avec moi, mais du coup il faut redoubler d’effort sur le placement et l’écriture pour que ça soit quand même catchy. Sinon autant faire du yaourt ! Je pense pas me cacher, et d’ailleurs j’explique les textes dans la démo, ou pendant les concerts, même si je fais pas de traduction. En fait c’est même le contraire, ces paroles sont plus honnêtes et personnelles, moins générales que ce que j’ai pu faire jusqu’à présent. J’arriverai pas à les montrer à des gens de ma famille par exemple, même si je ne les cache pas. 

Justement, de quoi les paroles traitent-elles ? Les abordent tu différemment que quand tu étais
dans Get lost ?
La langue fait que je suis dans un autre état d’esprit et que j’écris forcément d’une autre façon. Le groupe donne aussi un autre contexte, les choses sur lesquelles on a une vision commune sont différentes, et j’essaie de les respecter. J’essaie d’expliquer ce qui se cache derrière les chansons aux autres pour vérifier que ça leur parle avant de les considérer comme « finies ». Par contre, je ne pense pas aborder les paroles vraiment différemment, ça reste des paroles personnelles, politisées, extériorisant ma vision du monde qui m’entoure, ce que j’y voie ou que j’aimerai y voir. Après j’ai pas mal vieilli depuis vu que ça fait un bail mine de rien, j’ai toujours autant la rage, même plus, mais j’ai moins d’espoir qu’on s’en sorte. Plus personnel, plus politisé, plus enragé si je devais résumer. De toute façon je ne sais pas écrire autrement, je ne suis pas un poète. Pour parler un peu des thèmes de la démo je pense qu’il y en a quelques-uns de récurrents : la mort à travers l’hypocrisie qu’est notre système médical et de la maladie, la résistance à l’aliénation quotidienne du travail et de la société, l’absurdité de la politique actuelle et l’illégitimité de cette soit disant démocratie représentative… Ce sont des sujets qui m’obsèdent, ça en est quasiment maladif et ça me pourris la vie, donc avoir une façon d’en parler et essayer de provoquer l’échange à chaque concert, même si c’est pas forcément toujours un succès, c’est un besoin pour moi. 

Quels sont vos futurs projets ?
On va enregistrer un 7’’ en Juillet normalement ! J’ai hâte parce que même si je suis fier de la démo je pense que les nouveaux morceaux dépouillent, et qu’on pourra vraiment faire un bon disque si on se viande pas. On part faire notre premier weekend en Juin (Caen et Brest) et on essaiera d’en caler quelques autres dans l’année. Après on a tous des vies, on est plus des djeuns de 20 ans donc on va pas faire un mois de tournée tout de suite, mais l’idée sera d’essayer de faire une semaine ou deux une fois qu’on sera prêt, j’espère d’ici l’été prochain… Sinon continuer à faire des concerts localement (6 Juin avec Sickoids !), mais pas trop pour pas faire chier les gens, composer de nouvelles chansons, donner de nouvelles excuses à Jean-Phi de faire des collages, et passer de bons moments avec les potes et tous les gens qu’on rencontrera et avec lesquels on pourra échanger quelques instants qui donnent un sens humain à nos vies…

Un dernier mot !
Merci pour l’interview ! Quelques secrets de Krigskade : dans la bouteille de jus d’orange de Mike il n’y a pas que du jus d’orange, Julien va à des mariages toutes les semaines, Jean-Phi est propriétaire (et endetté !!), et moi oui je suis vraiment straight edge, même si des gens trouvent ça absurde de nos jours. Comme on est des glands et qu’on a oublié de le mettre dans la démo, on peut nous contacter à krigskade@gmail.com . On est pas très 2.0 désolé…

Démo en écoute intrégrale sur
YOU TUBE